09 Nov Les tous petits codent en chœur
Le code, c’est ce qui nous entoure sans jamais nous toucher. Un univers en soi, qui nous permet de découvrir le monde en quelques clics. Si l’on devait rentrer réellement dans l’univers des codeurs, on pourrait le comparer à la Force d’Obi Wan Kenobi du film Star Wars : il nous entoure et nous pénètre, c’est ce qui lie Internet en un tout uni.
Cette Force, ces hackers cherchent à l’inculquer aux plus jeunes d’entre nous. Non pas par un cours ennuyeux et directif, mais par la pratique. Mettre des enfants de 6 à 12 ans devant un écran et les laisser explorer les outils : c’est le principe de plus de trente manifestations organisées pour la Codeweek dans toute la France. Un événement unique et le premier du genre, qui se tient dans toute l’Europe du 11 au 17 octobre, pour les jeunes comme pour les moins jeunes.
« Le code permet de travailler l’imaginaire, la réalisation d’un projet » explique Thierry Mbaye, directeur du MeuhLab de Lille. « C’est assez inné pour les enfants, qui peuvent apprendre dès le plus jeune âge ce que c’est que hacker : regarder un objet, comprendre comment il fonctionne et essayer de lui trouver d’autres fonctionnalités », poursuit le quadragénaire.
« Il s’agit d’enseigner la programmation, qui est par définition une activité créative », décrit le hacker de Die Eriam Schaffter. Dans leur boite à outils, les hackers disposent de logiciels comme Scratch ou PureData, qui permettent une vraie liberté de création d’applications ou de mélodies. Ces outils restent peu connus de la population, mais sont des sortes de Graal pour la communauté des hackers, du fait de leur gratuité et de leur facilité d’utilisation.
Se réapproprier l’outil informatique
La créativité reste ainsi au centre de la programmation pour les enfants. Mais plus que cela, il s’agit de s’approprier l’outil informatique, de comprendre comment il fonctionne. « L’idée est de faire passer derrière les programmes, montrer qu’il faut penser à tout. On apprend aussi une certaine logique » expose Laurent Rousseau, animateur au Cyber-espace d’Euratechnologies à Bois-Blancs. « On doit reprendre le contrôle de la machine. Avec le code, on s’approprie les choses et on arrête de se laisser faire », lance Jean François Cauche, hacker engagé à Lille. « On est souvent devant un écran. Mais là, on est devant un écran pour créer », poursuit-il.
Avec des ambitions aussi larges, pourquoi viser spécialement les enfants ? « Les enfants n’ont aucune appréhension et n’ont pas peur de l’échec. Si ça les amuse, ils foncent » sourit Valéry, un artiste hacker de Lille. « Les enfants sont plus neufs et plus ouverts. Ils sont l’avenir », poursuit Jean François Cauche. « Le code est un nouvel alphabet. Bientôt, en plus de savoir lire et écrire, il faudra savoir coder », affirme Florette Eymenier, responsable du projet Simplon.co pour la région Nord Pas de Calais.
Mais la programmation adaptée aux enfants, c’est aussi une pédagogie différente. « En général, on leur explique deux ou trois trucs puis on les laisse faire. Cela permet de se spécialiser en son, en animation ou en graphisme », affirme Jean François Cauche.
Une pédagogie particulière
Une pédagogie avec l’enfant responsabilisé et l’adulte en périphérie qui donne des résultats assez troublants. « Avec ces manifestations, on se rend compte que ce sont les enfants qui expliquent aux adultes. On observe une collaboration transversale », s’amuse Natacha Morsa, directrice du Coding & Bricks à Dunkerque. Les enfants semblent apprendre extrêmement rapidement lorsqu’ils sont en groupe. « La collaboration entre enfants fait que c’est plus facile que d’avoir un adulte qui s’adresserait à des enfants », continue-t-elle.
« L’avantage avec le code, c’est qu’on peut toucher tout le monde. Toutes les tranches d’âges sont réunies autour de quelque chose, c’est très fédérateur », explique Valéry. « Avec les enfants, on observe que certains aiment apprendre aux autres. On assiste à un vrai partage de connaissances » continue Jean François Cauche.
Une pédagogie et un état d’esprit particulier qui rapproche d’autant plus le code de la Force. « Quand on intervient dans des classes, on dit aux enfants qu’on est des magiciens. Puis quand on leur explique qu’ils peuvent faire ce qu’on vient de leur montrer, leurs yeux s’illuminent. Ils sont accrochés », sourit Valéry.
Etienne COMBIER
Coordinateur éditorial Formation et Information d’Asie centrale
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